Et pour 100 euros de plus...

Publié le par lap1.blanc

Dans tous les médias, on n'entend parler que de ça : 100€ de plus pour les bas salaires guadeloupéens.

Dans le métro, les phrases fusent : "qu'on leur donne leurs 100€ et qu'ils nous foutent la paix", "100€, c'est rien, les entreprises pourraient faire un effort".

Hélas ! Hélas ! Si il ne s'agissait que de ça. Ce qu'on ne dit pas au JT (quelqu'il soit), et encore moins dans les médias papiers de droite (et à peine dans ceux de gauche) c'est que le malaise est beaucoup plus profond que ça. Petit état des lieux.

Aujourd'hui, en Guadeloupe, tous les cadres des 50 plus grandes entreprises de l'île sont blancs. Pourtant, en Guadeloupe comme sur tout le territoire nationale, il y a des diplômés "locaux" BAC+5 et pourtant sans emploi. Je suis, moi-même, cadre avec un BAC+3 en France Métropolitaine. Les administrations sont aussi dans ce cas : que des blancs. Mis à part ceux qui gèrent la CMU, le RMI, l'ANPE (pardon, "Pôle Emploi" (sic!)), la CAF, etc. En clair, tous les services de gestion de la misère. Mais après tout, pour des noirs miséreux et en colère, il vaut mieux qu'il y ait des noirs en face, non ?

En Guadeloupe, il y a environ 20% de blancs, mais 99,9% des chômeurs sont noirs et/ou métisses (bref, pas blancs quoi).

De fait, le symbole de la réussite (le "cadre") est blanc, le chômeur ne l'est pas. Quelle est donc l'image donnée par ce type de structure ? "Pour réussir, il faut être blanc".

Sauf en sport, bien entendu, mais peut-on maintenir une société sur la seule image du sport ? Tous les sociologues vous le diront : "Non". Et puis, on dit "sport" mais il s'agit essentiellement de football (Thierry Henry, Lilian Thuram, etc.). Veut-on vraiment transformer la Guadeloupe en "Brésil français" ?

Nous savons tous, très bien, ce qu'entraîne ce type de situation : la révolte voire la révolution si rien ne bouge.

En Guadeloupe, ce qu'il faut revoir ce ne sont pas seulement les "bas salaires" mais aussi tous les métiers disponibles pour la population locale qui (merde, bordel, faut pas l'oublier !) est française, n'en déplaise à tous ces connards d'extrême droite ! Et oui, il y a des noirs qu'on ne peut pas expulser...

Il faut voir la réalité en face : que vont se dire, si ce n'est déjà fait, les jeunes Guadeloupéens ? A quoi cela sert-il d'aller à l'école si c'est pour tondre la pelouse ? Pourquoi étudier alors que voler me rapporte la même chose ? Nous, métropolitains, sommes en train de pousser clairement les Guadeloupéens aux armes.

Le vent de révolte qui souffle sur nos îles n'est pas, n'en déplaise à certains, une volonté d'indépendance (comme on peut le lire dans certains sondages débiles), c'est une bataille pour la dignité de l'Homme. Et la dignité, elle ne s'achète pas, et surtout pas avec 100 malheureux euros...

Publié dans Politique

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